”Trois scénarios sont à envisager :
1- Si plusieurs États africains de la zone Franc ne souhaitent pas une autonomie monétaire, alors elle continuera et les pays africains qui en sortent auront une grande probabilité d’échec.
2- Si tous les pays africains de la zone Franc se décident de sortir en bloc, sans accord avec la France quant à un processus conjoint de démantèlement, alors la zone disparaitra de facto. Mais pour les pays africains concernés, les coûts économiques, sociaux et politiques pourront être très élevés.
3- Enfin, si tous les pays africains de la zone Franc sortent en bloc dans le cadre d’un processus conjoint de démantèlement négocié avec la France, alors les coûts politiques et économiques seraient à la fois plus faibles et plus étalés dans le temps.
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Au-delà de ces considérations, peut-être que la question monétaire dans son ensemble devrait, dès maintenant, être posée au-delà du cas CFA, non plus dans le cadre d’un tête-à-tête avec la France, mais dans la perspective d’une refondation d’un axe afro-européen. Dans cette perspective, la gestion collaborative des dettes des pays CEDEAO, proposée par Amato et Nubukpo….
Les différents choix s’agissent autant de choix économiques que de choix politiques et de formes d’organisation sociale. La question, dès lors, est de savoir comment concilier souveraineté monétaire et souveraineté démocratique. Dans le contexte africain contemporain, une réflexion approfondie sur la souveraineté monétaire devrait nécessairement aller de pair avec la réflexion sur la construction de l’État de droit et l’innovation démocratique…. » Achille Mbembe